dimanche 22 avril 2007

C'est parti !

Les bureaux de vote ont ouvert à 8h et ferment à 18h. Un quart des bureaux fermeront à 20h00, notamment à Paris, en Ile-de-France, à Marseille, Lyon ou Toulouse.

(AFP)

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Quelque 44,5 millions d'électeurs sont appelés à choisir ce dimanche 22 avril parmi douze candidats au premier tour de l'élection présidentielle, un scrutin marqué par un brouillage des lignes partisanes et une indécision sans précédent d'un électorat gagné par la défiance.

Pour la première fois depuis l'avènement de la Ve République, en 1958, aucun ancien chef de l'Etat ou du gouvernement ne figure au nombre des prétendants à l'Elysée, dont la liste reflète un renouveau politique avec l'émergence d'une génération de "baby-boomers".

Après le scénario-surprise de la présidentielle de 2002, ce scrutin apparaît des plus incertains, les Français usant sans complexe depuis cinq ans de leur pouvoir "sismique" sur le paysage politique : raz-de-marée socialiste aux régionales de 2004 après l'élection-plébiscite de Jacques Chirac, "Non" à près de 55% au référendum de mai 2005 sur la Constitution européenne.

Nombre d'indécis élevé

Le nombre d'indécis - entre 30 et 40% selon les instituts de sondage - est à ce stade plus élevé qu'en 2002, avec une proportion significative d'électeurs prêts à changer de camp.

Une configuration qu'illustre la percée inattendue du centriste François Bayrou, révélation de cette campagne sur le créneau du "ni droite ni gauche".

Lors de sa première candidature en 2002, le président de l'UDF avait recueilli 6,84% des voix. Après avoir atteint jusqu'à 21% dans les intentions de vote, il oscille aujourd'hui entre 17% et 19% et bouleverse l'hypothèse du duel annoncé depuis des mois entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, entre la "rupture tranquille" et l'"ordre juste".

Jean-Marie Le Pen, qui avait franchi le premier tour en 2002 avec 16,86% des voix, prophétise une nouvelle "surprise". Il est crédité de 13,5% à 15,5% des intentions de vote, son niveau d'il y a cinq ans. Mais les sondeurs relèvent qu'environ 20% des électeurs traditionnels d'extrême droite, courtisés par Nicolas Sarkozy, se disent prêts à voter pour le candidat de l'UMP dès le premier tour.

Fin du bipolarisme?
Le bipolarisme à la française aurait-il vécu?

"On peut très bien imaginer les quatre dans un mouchoir et, à partir de ce moment-là, l'ordre d'arrivée est presque aléatoire", estime Paul Bacot, de l'Institut des Sciences politiques de Lyon.

En tête dans les sondages depuis son investiture le 14 janvier, le candidat de l'UMP, crédité de 26% à 31%, semble le mieux placé pour accéder au second tour avec un potentiel sans comparaison à droite depuis les 28,3% de Valéry Giscard d'Estaing en 1981. Jacques Chirac n'avait recueilli que 19,88% le 21 avril 2002.

Ségolène Royal, qui a imposé sa candidature face au bloc des "éléphants" du PS, est la première femme à avoir une chance d'accéder à l'Elysée. Elle dispose de 22% à 27% selon les instituts. François Mitterrand avait recueilli 25,85% en 1981.

Pour autant, la gauche affiche un taux d'adhésion historiquement bas, entre 35% et 38%, du jamais vu depuis 1969. Lors des victoires de 1981 et 1988, la gauche avait capté respectivement 46,8% et 45,4% des suffrages.

Cinq candidats de la gauche radicale

L'émiettement du vote de gauche avait contribué à l'élimination de Lionel Jospin en 2002. Le ralliement de Jean-Pierre Chevènement et Christine Taubira à la candidature de Ségolène Royal réduit le risque, de même que la perte de vitesse de la gauche radicale, qui aligne cinq candidats : Marie-George Buffet (PCF), Olivier Besancenot (LCR), Arlette Laguiller (LO), Gérard Schivardi (PT), José Bové (altermondialiste).

Les trois candidats trotskystes et Marie-George Buffet avaient recueilli à eux quatre près de 14% des voix en 2002, la seule extrême gauche s'adjugeant 10,44%. Aujourd'hui, la cote globale des cinq candidats approche les 11%, avec un Olivier Besancenot en tête à environ 4%.

Les Verts, représentés par Dominique Voynet, s'en tiennent à un score confidentiel d'environ 1% dans les sondages, alors qu'ils avaient dépassé les 5% en 2002. Face à eux le CPNT et son candidat de la "ruralité" Frédéric Nihous, qui espère au moins rééditer la performance de Jean Saint-Josse en 2002 (4,23%).

"Patinoire"

Le réflexe du "vote utile", pour conjurer la menace d'un nouveau 21-Avril, paraît à l'oeuvre.

"L'effet" 21-Avril pourrait aussi influer sur le taux d'abstention, qui, de 28,4% en 2002, devrait se situer aux environs de 21% cette année - niveau de 1995.

Au total, 1,8 million de nouveaux électeurs sont attendus dans l'isoloir, la plus forte hausse d'inscriptions enregistrée depuis le scrutin de 1981, notamment dans les villes et banlieues, où l'on pourrait mesurer les répercussions électorales des troubles de l'automne 2005.

Les "primo-votants", jeunes de moins de 30 ans, plébisciteraient dans l'ordre Nicolas Sarkozy (30%), François Bayrou (23%) et Ségolène Royal (22%), selon une enquête Ifop.

S'il est une certitude, c'est que les douze candidats, contre seize en 2002, et le quatuor de tête s'élanceront dimanche sur une "patinoire", pour reprendre l'expression du "M. Sondages" du PS, Gérard Le Gall, qui a fait florès.

Des candidats qui ont brouillé les pistes, Nicolas Sarkozy invoquant Jean Jaurès ou le Front populaire mais aussi Rivarol, Ségolène Royal s'emparant de thèmes de prédilection de la droite comme la sécurité, la famille ou l'identité nationale, François Bayrou appelant à briser "les murs de Berlin" entre la droite et la gauche. Des électeurs défiants, enclins à l'infidélité à l'égard de leur camp. (Reuters)

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