samedi 21 avril 2007

L'erreur du 21 avril 2002 est-elle encore possible ?

Plongée dans le détail des sondages publiés juste avant les élections de 1995 et de 2002. La photo a toujours été floue. De quoi nourrir le suspense, à deux jours du scrutin.

D’après les chiffres des différents sondages, l’affaire est pliée : Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal seront au deuxième tour. Le candidat de l’UMP recueillerait, selon les instituts, entre 27% et 30% des suffrages. La championne du PS, elle, est créditée d’au moins 22,5% des voix, et d’un capital maximal de 25%. Leurs deux poursuivants sont loin derrière : Bayrou ferait, au mieux, 20% et le Pen 15,5%.


De plus, le total des voix que les enquêtes prêtent aux candidats de l’UMP et du PS, compris entre 55% et 49,5% est bien supérieur à celui enregistré par les deux finalistes prévus en 1995 et en 2002. Il y a douze ans, les sondages donnaient à Jacques Chirac et à Lionel Jospin un total maximal de 48,5%. Il y a cinq ans, les mêmes étaient crédités, à eux deux, au mieux, de 38% seulement. La surprise de cette année, commence-t-on à entendre, c’est qu’il n’y aura pas de surprise.

Pourtant, les mises en garde sur l’interprétation des enquêtes d’opinion se sont multipliées, et jamais l’issue du scrutin n’a semblé si incertaine. Aucun des sondeurs, instruits par leur incapacité à prévoir le séisme du 21 avril, ne s’aventureraient à éliminer d’office l’un des quatre principaux prétendants à l’Elysée.Il est vrai que les deux challengers leur posent des problèmes.

La difficulté d’évaluer le vote Le Pen est bien connue, mais il faut ajouter cette année une sorte d’objet électoral non identifié : le vote Bayrou, justifié par une proposition politique sans précédent -travailler avec la droite et la gauche-, et porté par des électeurs qui, pour près de la moitié, se disent encore prêts à changer d’avis. Au début du mois, Roland Cayrol, président de l’institut CSA, résumait bien l’impuissance des sondeurs à mesurer le poids réel du candidat de l’UDF, en assurant : "la marge de progression -ou de régression- de Bayrou est la plus forte de tous. Il peut terminer entre 12 et 29%".

La comparaison entre, d’une part, les dernières enquêtes d’opinion effectuées avant les scrutins de 1995 et de 2002, et d’autre part, les résultats réels du vote, devrait inciter, elle aussi, les apprentis Mme Irma à la modestie. En 1995, le score de Jacques Chirac était ainsi inférieur de 4,5 à 7 points aux dernières prévisions. Et en 2002, Le Pen avait été sous-estimé de 4,4 points. La photo des sondages à quelques jours du scrutin a toujours été floue. Le développement du tirage, lui, n’aura lieu que dimanche, à 20 heures.

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