samedi 21 avril 2007

Les affiches officielles, une figure imposée pour des noms connus de la photographie


A peine installées, elles sont déjà griffonnées, arrachées ou lacérées. Les affiches officielles des candidats à l'élection présidentielle sont mises à rude épreuve.

Leur utilisation est limitée aux panneaux électoraux et à l'affichage sauvage. Il n'empêche. Cet exercice est un point de passage obligé. Et les candidats et leur staff de campagne l'abordent souvent dans l'urgence et non sans crainte. Risque de détournement, de moquerie, de rejet par la commission chargée de donner son accord, tout cela est évoqué pour expliquer le registre conventionnel adopté.


Parmi les douze candidats, deux se distinguent : Arlette Laguiller et Gérard Schivardi. Ils sont les seuls à se contenter d'une petite photo, l'affiche étant d'abord le support d'un texte, résumé de leur programme. Pour tous les autres, le portrait du candidat s'étale accompagné d'un slogan. D'où l'importance du visuel, capté par l'oeil de l'électeur entrant dans son bureau de vote.

L'affiche de Ségolène Royal joue le contraste avec un portrait en plan serré noir et blanc. Cette photo signée Emanuele Scorcelletti faisait partie d'une série commandée par un magazine il y a plus d'un an.

Le photographe italien de l'agence Gamma, qui se dit passionné par le cinéma et l'image noir et blanc - ses clichés de Sharon Stone ou du festival de Cannes ont fait sa notoriété - a photographié Mme Royal chez elle. Non impliqué dans le débat politique français, il a vendu le visuel choisi par l'équipe de campagne de la candidate socialiste. Il a également accepté que le portrait pris en buste soit recadré. Ce grossissement en plan serré explique le grain de l'image.

APPEL PRESSANT

Passer de la photographie d'artistes à celle de personnalités politiques n'est pas chose aisée. Jean-Marie Périer, célèbre pour ses portraits des vedettes des années 60, en a fait aussi l'expérience. Il était déjà derrière l'objectif lors de la campagne de Raymond Barre en 1988. Il a aussi tiré le portrait de Bertrand Delanoë.

Cette fois, il a répondu à un appel pressant de son ami, l'acteur Vincent Lindon, engagé auprès de François Bayrou. "Je ne voulais pas de gros plan. J'ai proposé un geste et les photos ont été faites en six minutes", précise M. Périer. Un travail non rémunéré. Un autre photographe connu s'est prêté au jeu, Yann Arthus-Bertrand. L'homme de La Terre vue du ciel, mais aussi auteur d'une série de portraits de Français, a capté le visage de la candidate des Verts, Dominique Voynet, qui se détache sur le fond, vert évidemment, de son affiche.

L'UMP a revu sa copie. Le visuel de campagne de Nicolas Sarkozy, dévoilé le 14 janvier pour les meetings, avait été comparé à l'affiche de François Mitterrand en 1981. L'affiche collée sur les panneaux officiels en est une extrapolation faite dans l'urgence. Le format panoramique est devenu rectangulaire, la couleur du ciel a changé, seule la photo est la même.

Philippe Warrin, de l'agence Sipa, a réalisé le cliché place Beauvau. M. Sarkozy y pose en costume, légion d'honneur au revers de sa veste. Les équipes du candidat souhaitent maintenant une photo plus décontractée. Elle a été sélectionnée parmi des clichés pris par Elodie Grégoire, de l'agence Gamma, photographe attitrée de M. Sarkozy. Ce visuel montrant le candidat col ouvert en extérieur vient d'apparaître sur les affiches destinées aux militants et a été choisi en cas de second tour.

Du côté de Mme Royal, une nouvelle affiche est prête également. Le portrait de la candidate sera cette fois en couleur. "Au premier tour, c'était une affiche encore militante, au second il s'agit de montrer une personnalité", dit-on dans son entourage.

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